Interpellation au conseil communal

Voici la réponse apportée à l’interpellation concernant les frelons asiatiques abordée lors du Conseil Communal du mardi 17 octobre 2023.

Interpellation au Conseil communal

Nom et prénom du/des Conseiller(s) communal(aux) interpellant(s) :Anne-Charlotte d’Ursel  
Date d’envoi :14 septembre 2023
Date du Conseil communal :17 octobre 2023

Titre de l’interpellation : Frelons asiatiques

Interpellation :

  1. Exposé

Un article du Vif cet été faisait le point sur un phénomène sur lequel travaille activement un groupe de passionnés de Woluwe-Saint-Pierre. « En moins de dix ans, les frelons asiatiques ont envahi la Wallonie et Bruxelles. Souvent nichés à proximité de l’activité humaine, ils peuvent se montrer agressifs pour protéger leurs nids. Mais surtout, ils sont catastrophiques pour les abeilles.

C’est une véritable invasion : en moins d’une dizaine d’années, le frelon asiatique s’est répandu comme une traînée de poudre.

Tout ça à cause de… poteries chinoises qui, en étant importées en Europe, auraient accidentellement amené celui qui est aussi appelé Vespa Velutina dans nos contrées. Le premier nid européen de frelons asiatiques a été détecté en 2004, à Bordeaux. Très rapidement, l’espèce a colonisé le reste de la France, le nord de l’Espagne et de l’Italie. En Belgique, le premier nid est découvert en 2016 en Wallonie, près de Tournai, puis en 2018 à Bruxelles. A une vitesse effarante. Son taux de multiplication est explosif (200 à 1000 femelles reproductrices – appelées fondatrices – par nid), et sa dispersion rapide (une centaine de kilomètres par an). D’autant que, « mis à part l’humain, le frelon asiatique n’a pas d’ennemis naturels pour limiter son expansion ». Seul le climat est un facteur limitant. 

Pas plus dangereux qu’une guêpe, il représente un véritable danger pour la biodiversité. Car son mets de prédilection, ce sont les abeilles, qui représentent deux tiers de son alimentation. C’est pour cette raison qu’il se plaît particulièrement en milieux urbains : les ruches sont à portée d’ailes, et il y trouve également assez d’eau et de fibres végétales pour construire son nid. Les apiculteurs ont déclaré la guerre aux frelons asiatiques, considérés par l’Union européenne comme « invasifs ».

À force d’être attaquées, les abeilles entrent en état de stress. Elles préfèrent rester en sécurité dans leur ruche et ne sortent plus. La nourriture ne rentre plus et la reine arrête sa ponte ». 

Pour essayer tant bien que mal de pallier ce problème, les apiculteurs investissent dans la protection des ruches. Notamment avec l’utilisation de muselière et de harpes électriques. « On a quelques aides timides, comme le prêt de matériel pour détruire les nids. Mais certains apiculteurs se demandent s’ils vont continuer. Si vraiment l’investissement en vaut la peine ». La présence d’un frelon asiatique ou d’un nid doit être signalée pour une prise en charge rapide.

  • Questions posées au Collège des Bourgmestre et Echevins
  • Existe-t-il à l’échelle régionale et communale d’une banque de données concernant la présence de frelons asiatiques sur notre territoire (nombre, accidents et dégâts causés sur les abeilles) ? 
  • Que propose Bruxelles Environnement comme modus operandi face à ce phénomène ?
  • Ne serait-il pas intéressant de participer à sa capture ? Si oui, comment ?

Plusieurs techniques existent pour y faire face notamment l’enlèvement par les pompiers ou le placement de pièges. 

  • Comment la commune compte-elle l’an prochain dès le début de la saison (mai) soutenir les associations, sensibiliser les habitants, les faire participer pour tenter de réduire l’expansion de cette espèce invasive ?
  • Réponse de Caroline Lhoir, échevine de l’Environnement

Depuis le report de votre question lors du dernier conseil, j’étais impatiente de pouvoir y répondre, et je sais que beaucoup de personnes qui suivent activement cette question.

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre préoccupation concernant la prise en charge des frelons asiatiques dans notre commune. Nous sommes bien conscients du phénomène et vu leur impact sur notre écosystème, c’est même un réel enjeu économique, écologique et de santé publique que de déployer des efforts pour limiter au maximum le développement des frelons asiatiques, espèce invasive, chez nous.

Cet insecte n’a en effet pas de prédateur connu à ce jour à part l’humain et notamment le fameux groupe « vespa hunter 1150 » qu’on salue. Il nuit à notre biodiversité puisqu’il se nourrit essentiellement d’abeilles (2/3) mais aussi d’autres insectes. Ce qui provoque un déséquilibre important des chaines alimentaires et s’avère problématique pour les oiseaux, chauves-souris et petits insectivores.

Il est donc urgent de restreindre la reproduction et la propagation exponentielle des frelons asiatiques et nous devons unir nos forces pour élaborer des stratégies efficaces de gestion de cette espèce invasive, à Woluwe-St-Pierre et partout ailleurs, tout en préservant l’environnement naturel.

J’ai eu le plaisir de rencontrer en septembre quelques membres d’un groupe local de citoyens de notre commune, les « Vespa Hunter 1150 », – que certains d’entre vous connaissent aussi je pense. Ceux-ci s’investissent activement dans la lutte contre les frelons asiatiques. J’ai également pu suivre la présentation qu’ils faisaient auprès du Cercle horticole de Woluwe-Saint-Pierre, ce dimanche, à l’école de Stockel. Très organisés, tant au niveau de la méthode que de leur communication, ils sont des alliés précieux grâce à leur expérience, leurs outils, leur expertise acquise et… leur enthousiasme.

Ce groupe local collecte des données précises sur le territoire de Woluwe-Saint-Pierre – un réel travail de fourmi, si j’ose dire –   et m’a transmis les données chiffrées les plus récentes (couvrant la période entre le 5 mai 2023 et aujourd’hui).

  • 71 nids trouvés à WSP (primaires et secondaires) ;

–      36 nids primaires trouvés dans toiture, corniches, chiens-assis, vide ventilé, volets, cabanes de jardin, haies… ;

 dont 3 incidents signalés pour nids situés à hauteur d’homme (danger lors des tailles) ;

–      30 nids secondaires situés en hauteur dans les arbres entre 18m et 31m ;

dont 1 nid difficile à atteindre par les pompiers, pas suffisamment équipés.

–     5 cas « incertains », c’est-à-dire non suivis par les Vespa Hunter, mais pris en charge par les pompiers.

D’autres acteurs institutionnels sont impliqués, comme la SRABE au niveau régional, Bruxelles Environnement et le SIAMU. Bruxelles Environnement travaille avec l’asbl Apis Bruoc Sella. Toute une série de données sont centralisées via la plateforme Observations.be créée entre autres par Natagora et Natuurpunt. Ces données sont accessibles à toutes et à tous ; chaque personne qui le souhaite peut y encoder les résultats de ses observations naturalistes en Belgique. Vous pourrez y voir par exemple toutes les observations de frelons asiatiques, ou de nids, qui été encodées sur le site pour le territoire de Woluwe-Saint-Pierre.

Les consignes de Bruxelles Environnement sont claires :

  • Encoder les observations d’individus et de nids sur le site Observations.be ;
  • Et signaler immédiatement les nids – même suspectés – aux pompiers, qui disposent d’une équipe spécialisée et de 40 collaborateurs externes formées et équipées pour intervenir ;
  • Une page est dédiée à ce sujet sur le site internet de Bruxelles Environnement.

De manière générale, Bruxelles Environnement et les pompiers déconseillent vivement aux citoyens de détruire eux-mêmes les nids, pour éviter de se mettre en danger. Les personnes habilitées à détruire les nids doivent être formées et équipées. Cela ne s’improvise pas.

J’aimerais en profiter pour insister, comme vous, sur l’importance d’agir au plus vite avant que cela ne devienne tout à fait ingérable tant du point de vue de la biodiversité, que des coûts pour la collectivité.

A ce jour, un projet « pilote » est en préparation pour évaluer l’évolution de la propagation et tester sur un territoire de Woluwe-Saint-Pierre une approche stratégique, organisée et efficiente à adopter pour limiter au maximum le développement de l’espèce. Un soutien communal devrait pouvoir être apporté via le subside en faveur d’initiatives citoyennes de développement durable ; ainsi qu’un appui en termes de communication. 

Concrètement, au fil des saisons, il s’agit surtout de :

  • De mars – avril – mai (période à laquelle seules les fondatrices sont présentes dans l’environnement)
    • Organiser un piégeage sélectif avec relevé des pièges tous les jours, pour éliminer ces fondatrices de l’environnement. Ce sont elles qui élaborent les nids dits primaires. (maillage tous les 200m / 100 pièges pour 4km2 / équipe de 10 personnes)
  • De juin à juillet,
    • repérer les frelons asiatiques dans les quartiers/jardins, notamment au moyen d’appâts sucrés ;
    • les « pister », les « chronométrer », les « traquer » pour trouver leurs nids primaires ;
    • Les supprimer et détruire un maximum de nids primaires ;
  • En août – septembre – octobre – novembre : poursuivre la technique des appâts

Les appâts placés dans les rues par le groupe local, que certains d’entre vous ont peut-être déjà aperçus, contribuent à la sensibilisation citoyenne et ont déjà suscité beaucoup d’intérêt de la part des passants, qui sont réceptifs et souvent enclins à collaborer.

D’ores et déjà, vous pouvez déjà suivre le groupe que j’ai mentionné plusieurs fois, notamment sur FaceBook, il s’intitule VESPA HUNTER 1150 et les personnes actives y détaillent les actions sur la commune. Il existe aussi un groupe dit « groupe F », constitué entre autres de personnes de la commune. Le groupe réfléchit aussi aux solutions à adopter, organise des formations et fait déjà de la communication grand public. Vous les avez peut-être rencontrés à la fête de l’avenue de Tervueren au mois de mai dernier, par exemple.

Les informations figureront tout prochainement sur le site communal, en collaboration avec « Vespa Hunter 1150 ». Avant le printemps prochain, nous comptons amplifier la communication sur le sujet, notamment via le site web, le journal communal et la page Facebook de la commune.

Je pense qu’il sera essentiel de pouvoir soutenir les citoyens dans ce projet pilote, en prenant notre part de responsabilité.

Leave a Reply

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.